
L’Écran du long-métrage Camerounais et Afrique Centrale, REBEL PILGRIM, est un mélodrame au scénario non linéaire. Le film de Paul Samba et Chinepoh Cosson offre une belle histoire ancrée dans de magnifiques décors de villages du 237 Land et les traditions locales. Une oeuvre apaisante au rythme régulier, qui est parvenue à se créer une identité scénique et visuelle propre. REVIEW.
Enfin un film qui propose un vrai héros, et de surcroît une femme… En cela, REBEL PILGRIM fait du bien. Un bien fou de voir une jeune femme camerounaise lambda, cheveux en bataille quasi jamais tressés mais d’autant plus belle, se battre pour ses convictions. Parce que le personnage de Leyonga, interprétée par Azah Melvine qui a d’ailleurs obtenu l’Ecran de la Meilleure Actrice Camerounaise pour ce rôle, c’est la femme forte qui se tient debout et continue à croire à son avenir qu’elle entend construire de ses mains.
Femme forte mais cabossée et fragile, à l’image du long-métrage, un mélodrame jonché de larmes, parfois un peu trop, au récit non linéaire. Un scénario en zigzag, comme pour traduire l’errance de cette pèlerine à la fois douce et entêtée, farouchement opposée à la polygamie, dont l’un des effets pervers, d’après sa douloureuse expérience, est le mariage forcé. Pourtant en dépit de ces aller-retours entre le présent et le passé, le film de Paul Samba et Chinepoh Cosson conserve tout au long de sa durée une constante dynamique et un rythme régulier.
Certes, cette régularité, portée par de répétitives musiques de fonds et des bruits d’oiseaux, participe à l’ambiance apaisante et l’identité propre du film, mais au détriment d’un certain peps, faute d’effets de surprises, de suspense … qui rajoutent un peu de sel à une production. De fait, REBEL PILGRIM rentre dans la catégorie des mélodrames familiaux, un peu à la manière de « Légende d’automne » (1995) d’ Edward Zwick, et également dans lequel c’est un des personnages qui narre l’histoire.
Un genre languissant et monocorde, sans être ennuyeux, qui exploite particulièrement le registre de l’émotion, ce que REBEL PILGRIM n’a pas manqué de faire. Les élans dramatiques sont renforcés dans le film par des plages musicales dont la quasi-totalité a été empreintée à des grands classiques internationaux (Soundrack de « La Liste de Schindler » (1993) de Steven Spielberg, et de « Gladiator » (2000) de Ridley Scott entre autres). Le contraste entre une forte identité visuelle locale, du fait notamment de magnifiques décors et paysages du 237 Land, ainsi que des choix scéniques, et une identité sonore étrangère est intéressant. Il rajoute un petit côté grandiloquent au long-métrage.
Pourtant, on ne peut s’empêcher de se demander qu’aurait donné une composition musicale avec des instruments et influences plus locales et / ou traditionnelles. Aurait-elle renforcée cette identité scénique et visuelle déjà si marquée de REBEL PILGRIM, ou au contraire, aurait-elle atténué le style mélo-dramatique sur lequel repose tout le long-métrage? Dans tous les cas, Paul Samba et Chinepoh Cosson ont tranché. Résultat, le film a remporté l’Écran du long-métrage camerounais et Afrique Centrale. Bien joué!
M.N.