REVIEW : « MON SANG », un bon divertissement TV

Un bon moment derrière son écran . En raison de sa maîtrise des techniques télévisuelles, « MON SANG » de Blaise Ntedju répond aux attentes des spectateurs TV qui souhaitent se changer les idées devant leurs écrans. Mais cette force fait aussi la faiblesse du film. REVIEW.

Si vous souhaitez passer un moment plaisant, bien au chaud chez vous derrière votre écran, alors « MON SANG » réalisé par Blaise Ntedju, et où il y tient un rôle, est le film qu’il vous faut. L’histoire de Aubin (Axel Abessolo), responsable des ressources humaines d’une microfinance aux comptes douteux, arrêté à tort pour un cambriolage effectué par une personne qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau est rafraîchissante. Un scénario à la telenovelas, qui se savoure d’autant mieux à plusieurs, et pourquoi pas, avec une petite bière et des chips de plantain…

Et comme toute pseudo-telenovelas made in Cameroun, on pourrait s’attendre à une caricature ratée de nos très chers productions latino-américaines, à coup de mélodrame pitoyable et de personnages franchement pathétiques. Au contraire, « MON SANG » s’avère un long-métrage réussi, qui se regarde assez bien.

À n’en pas douter, le réalisateur de « Miranda » et de la série « Miel Amer » maîtrise les techniques télévisuelles de réalisation, de prises de vues et de son. Il sait aussi faire les bons choix en terme de casting, avec des acteurs tels que Axel Abessolo, Larissa Manfo, ou encore Melissa Kouamen etc. Les performances individuelles et collectives de chaque acteur évite de sombrer dans de grossiers stéréotypes, tout en conservant la juste dose nécessaire à ce type de scénario.

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Cependant, ce qui fait la force de Blaise Ntedju, fait également sa faiblesse. Si la maîtrise des techniques de feuilletons télés assure un film équilibré dans l’ensemble, agréable même du point de vue du stricte divertissement, elle reste insuffisante pour faire ressentir au spectateur la magie du Cinéma. « MON SANG » est un bon téléfilm, qui passe cependant à côté des exigences d’un film en salle, avec ses jeux de lumières, ses séquences et plans variés, une évolution subtile des personnages.

Ce sont les détails qui font toute la différence, notamment entre une production qui se regarde aisément devant son écran personnel, et un film en salle dans lequel on se sent immergé et le spectateur captivé. Parmi ces détails, il y’ a le format des images dont le rendu peut faire plus ou moins télévisuel, l’atmosphère de chaque séquence, dont dépend celle générale du film sans que le spectateur ait l’impression d’un simple agrégat de scènes etc.

En résumé, « MON SANG » est un bon film de divertissement TV que la Rédac’ de LFC recommande, mais qui risque de laisser aux amateurs de salles obscures un léger goût d’inachevé.

M.N

Le film est disponible sur la plateforme WOURI TV.

REVIEW : “Innocent-e”, ou le trait d’union entre engagement et divertissement tant attendu par le public.

Le 23 décembre 2019, le Palais des Congrès de Yaoundé vivait une standing ovation destinée au 1er long-métrage de Lea Malle Frank Thierry intitulé “INNOCENT-E” : la Rédac’ était présente. REVIEW.

Avant de vous parler du film en lui-même, il nous revient le souvenir des différentes étapes de campagne de promotion d’Innocent-e. Après une affiche qui nous avait peu convaincue à la Rédac’ Lea Malle a livré une bande annonce qui très vite battait tous les records de vues pour une B.A. en 237Land, faisant de son oeuvre le film à ne rater sous aucun prétexte cette fin d’année.

C’est ainsi que le coeur plein d’espoir, la Rédac’ est arrivée à l’heure au Palais des Congrès et a pris son mal en patience pour que la projection démarre. Environ 1h30 d’attente plus tard, l’humoriste Ulrich Takam se présentait en Maitre de Cérémonie et lançait officiellement le début de la soirée.

Lea Malle est alors monté sur la scène, le corps serré dans un costume qui n’a pas suffit à cacher son stress ; le premier titre auquel nous avons d’ailleurs pensé en le voyant et en entamant ce papier, est “Innocent-e ou le passage à l’âge adulte de Lea Malle Frank Thierry”, pour vous dire …

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À présent, le film. Dès les premières secondes, “Innocent-e” vous transporte. Les images s’enchainent, installant d’emblée l’atmosphère, nous présentant l’adjudant Joséphine Mbuntcha (Virginie Ehana) dans son intimité, mais vêtue de son uniforme qui nous renvoit instantanément à sa profession et donc à son sens des responsabilités.

“Innocent-e” est écrit merveilleusement bien. L’histoire se déroule avec fluidité, paraissant d’abord simple, ou toutes les pièces du puzzle sont un peu trop évidentes à placer les unes à côté des autres. Évidemment, tout fini par se complexifier et les rebondissements vous convaincs sans grands efforts et vous adhérez à ce que l’on vous raconte sans résistance, ou presque.

Vous l’aurez compris, la force du film réside dans son scénario, mais aussi grâce à un casting haut en couleurs que l’on peut compter sans se tromper parmi les réussites de l’oeuvre.

Lea Malle a une particularité dans les films qu’il réalise : la valorisation des langues locales. Le spectateur est ainsi enchanté d’avoir les deux pieds à Abong-Mbang dans l’Est Cameroun, dans des décors et avec des personnages auxquels il peut facilement s’identifier.

Le son du film permet une immersion parfaite dans l’histoire et le jeu des acteurs est suffisamment homogène pour excuser le manque total de naturel d’un Landry Beyeme (Gendarme Etoundi), ou d’un premier rôle qui force tellement dans la neutralité qu’elle en devient exaspérante voire irritante. Mais l’histoire vous plait, alors vous lui pardonnez vite ce trop plein d’assurance qui se ressent à l’écran et qui la fait descendre bas dans l’échelle des bonnes actrices du film.

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C’est ainsi que Maitre Biwolé incarnée par Tatiana Matip vole la vedette à Virginie Ehana. Majestueuse, éloquente, Tatiana est magistrale. En face, Daniel Leuthe (Maitre Ebene) n’est pas en reste, et les deux comédiens nous livrent une prestation qui rendent les scènes du tribunal tout simplement inoubliables !  La Rédac’ regrettera cependant une mise en scène identique malgré les jours qui passent. Point qui nous emmène directement où Lea Malle fait passer une pilule que seul le spectateur averti va être en mesure de voir : une pauvreté dans la mise en scène globale du film.

Pour aller droit au but, “Innocent-e” est un excellent téléfilm qui se frotte de temps à autre au Cinéma. L’oeuvre est réalisée de manière assez scolaire ( mais néanmoins du bon scolaire), où ses choix artistiques sont assez flous, peu affirmés et où l’on sent beaucoup d’hésitation à aller jusqu’au bout d’une démarche, surtout lorsque la fin du film approche.

La bonne nouvelle est néanmoins la suivante : Lea Malle est jeune, il a passé le cap du 1er long-métrage en proposant une oeuvre qui mérite indéniablement d’être consommée et propagée. L’engagement dans le propos de son film parfaitement décrit par le blogueur Lucien Bodo dans sa propre review du film, épouse avec beaucoup de justesse le divertissement servi par la mise en scène du réalisateur.

La Rédac’ éprouve une grande fierté à vous recommander “Innocent-e”, un premier film qui ne vous laissera pas indifférent et qui vous redonnera malgré ses faiblesses foi plus que jamais en notre Cinéma.

La Rédac’