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REVIEW : “Aline”, une oeuvre pour un public non exigeant

Le 29 décembre dernier a eu lieu à la salle des Fêtes de la Croix Rouge à Yaoundé, la Grande Première du très attendu “ALINE”, film réalisé par Salem Kedy avec et produit par celle qu’on ne présente plus : Muriel Leumeni, plus connue sous le nom de scène Muriel Blanche. REVIEW.

Dès le générique de début, vous savez déjà que vous n’êtes pas venus voir un film de Cinéma : les visages du casting principal défilent les uns après les autres, accompagnés par une musique qui nous le comprendront plus tard est omniprésente dans l’histoire. En quelques secondes, le paquet de mouchoir qui vous a été si gentiment offert à l’entrée de la salle, justifie toute sa raison d’être. Mais ça y est ! L’image s’ouvre enfin. Place au film.

ALINE, titre éponyme, nous raconte l’histoire d’une belle jeune femme, fille du banquier Léon Abessolo (incarné par Rigobert Tamwa alias ESHU), que celui-ci n’hésite pas à renier lorsqu’il apprend qu’elle est à nouveau enceinte d’un voyou nommé Cédric (incarné par Jean Manguelle) dont il ne veut surtout plus entendre parler. Sa désobéissance lui coûte chers : elle se retrouve, enceinte jusqu’au cou, à faire des travaux totalement déconseillés voire dangereux pour une femme dans son état. Mais ALINE n’a pas le choix. Il lui faut nourrir sa première fille d’une dizaine d’années (incarnée par la jeune Aminatou Nihab), mais surtout, préparer l’arrivée de son futur enfant. En somme, ALINE est une battante qui ne se laisse pas abattre à la moindre difficulté.

Aminatou Nihab

Le pitch est alléchant, donne sans aucun doute envie de dépenser son argent ou d’honorer l’invitation si gentiment faite par l’équipe du film avec la classe qu’on attend de l’Actrice Productrice Muriel Blanche. Mais voilà, “ALINE” vous fait passer deux heures trente d’incohérence, deux heures trente de larmes inutiles, mais surtout deux heures trente dans un nombre incalculable d’intrigues qui vous donnent même envie de créer la vôtre tant qu’à faire en vous disant : “c’est tellement tiré par les cheveux que mon intrigue à moi aussi pourrait bien marcher dedans hein”.

Scène tirée du film

Le visuel ci-dessus, représentant une des multitudes scènes qui vous miroitent que le film touche bientôt à sa fin alors qu’en réalité non, résume à lui seul à quel point tout va dans tous les sens dans une oeuvre où chacun veut faire son show : les scénaristes, les acteurs, l’image, le son, la musique, les costumes, le maquillage mais surtout, le metteur en scène ! Imaginez-vous dans un orchestre où le chef debout avec son bâton, essaye en vain de vous faire jouer une musique harmonieuse sans jamais y parvenir, au point de finalement vous laisser jouer comme bon vous semble en se disant qu’après tout, ça reste de la musique. C’est exactement la sensation que nous avons eu devant “ALINE” à la Rédaction.

Si les pleurs dans un film pouvaient faire l’objet d’une catégorie à eux seuls dans un Festival ou dans une Cérémonie de récompenses, les Acteur.trice.s du film aurait certainement remporté le séasame haut la main. Même notre voyou Cédric en versent quelques unes, pour vous dire ! Mais en réalité, le MC nous avait prévenu avant le début de la projection, et nos paquets de mouchoirs que nous tenions tous fermement en mains nous le prédisait : “ALINE est un film pathétique” ! Si nous ne l’avions pas tout de suite compris, tant pis pour nous tous.

Mais “ALINE” a néanmoins une très belle surprise : le jeu d’actrice de Muriel Blanche. Comment parvient-elle à jouer si bien dans un film sans queue ni tête, nous demanderez-vous ? Eh bien en croyant dur comme fer au message qu’elle souhaite véhiculer à travers son personnage, faisant abstraction de tous les défauts du film. Oui, Muriel Blanche est très convaincante. Elle ne lâche absolument rien jusqu’au bout. Tout comme ALINE, c’est une battante qui ne se laisse pas abattre à la moindre petite difficulté. Sa justesse dans le jeu est si touchante, qu’on en oublie même nos prières de voir arriver le générique de fin.

Deux autres actrices nous ont marqué par leur jeu : Passy Ngah et Lucie Memba Bos. Des personnages secondaires qui auraient mérités d’être mieux développés, mais qui malgré tout, s’en sortent sans grands efforts. Passy incarne parfaitement l’amie dévouée toujours prête à soutenir sa copine et Lucie est étonnante dans un rôle qu’on la voit rarement porter à l’écran et ça lui va plutôt bien.

Rigobert Tamwa

Indéniablement, Rigobert Tamwa nous convainc dans la peau du Père plein aux as a priori aimant qui se laisse malheureusement envahir par un trop plein d’orgueil. Mais les faiblesses du scénario et de la direction d’acteur se répercuteront sur lui facilement, lui laissant peu de chance de nous montrer qu’il aurait pu les dépasser.

La Rédaction ne peut vous garantir que vous passerez un joli moment de Cinéma devant “ALINE”, mais elle peut vous assurer qu’à travers les défauts du film, vous y ferez la rencontre d’une équipe de Production, Technique et Artistique qui l’aime profondément et qui au fil des années et des expériences, ne gagnera plus le coeur des Cinéphiles qu’à travers la popularité de son Actrice Productrice. “ALINE” a été mis en scène par un jeune Réalisateur qui a des choses à nous dire, ne nous y trompons pas. Le sous estimer serait une erreur qu’à la Rédac’, nous n’avons pas l’intention de faire.

Notre mot de la fin : allez voir “ALINE”, faites-vous votre propre idée du film et venez la partager avec nous sur nos différentes plateformes, les LFCinéphiles !