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RUN : Un court puissant, à la réalisation quasi-parfaite

run-rodrigue-fotso-review-lefilmcamerounais.jpgSi vous entendez RUN de Rodrigue Fotso, un seul conseil : courrez vite voir ce qui se fait de mieux actuellement en matière de Cinéma d’action au Cameroun, et constater les améliorations depuis Bad luck , le précédent court-métrage d’Iboga Productions.

Parce que RUN, c’est 40 minutes d’adrénaline pure, de course folle avec Amanda (Passy Ngah), Paola (Aissatou Njayou), et Ingrid (Marilyne Evengue), dans un décor apocalyptique à la Mad Max, version camerounaise, pour échapper aux griffes de Bobby (Dupree Koual) et sa bande de malfrats. Un court puissant, parfaitement maîtrisé et réalisé, à tel point que l’on aurait souhaité que le court se transforme en long-métrage, et pourquoi pas, dans une salle obscure…

De fait, tous les ingrédients pour faire un box-office s’y trouvent. Le climat de tension qui vous prend aux tripes, et sans quoi le suspens ne prendrait pas; un scénario dynamique et excellemment mis en scène; et la petite dose d’humour au moment où on s’y attend le moins. En sommes, les mêmes éléments déjà présents dans Bad Luck, le court-métrage d’Iboga Productions, produit deux ans plus tôt, et également réalisé par Rodrigue Fotso.

Les similitudes entre les deux court-métrages sont nombreuses. Premièrement, le scénario: De jeunes femmes (Manuella, interprétée par Joyce Tankoua, est néanmoins toute seule dans Bad Luck), se retrouvent au mauvais endroit au mauvais moment, et doivent se battre pour leur survie. Deuxièmement, sur le plan technique : Dans Bad Luck déjà, on y retrouvait cette manière particulière de filmer et ces prises de vues atypiques, portées à maturité dans RUN. Clin d’oeil ou pas, il est intéressant de constater que RUN commence par un règlement de compte en voiture, exactement dans le style Bad Luck

 

Incontestablement, RUN se situe dans la continuité de Bad Luck, mais en version améliorée. Les images sont plus nettes, les effets sont plus travaillés et mieux maîtrisés, y compris le maquillage FX, bien que ce dernier puisse encore être perfectionné. Bref, la mise en scène est plus que réussie et la réalisation quasi-parfaite. Le court bénéficie également d’un casting équilibré, où le charisme de Dupree Koual (avec ses airs de Dark Vador lorsqu’il remonte la colline), n’écrase pas celui, un peu surfait de Passy Ngah, et les présences scéniques de Aissatou Njayou et Bilim bi Bakang, l’interprète de l’énigmatique Moktar.

Seuls bémols, si l’on peut l’appeler ainsi, de ce magnifique court-métrage : certains points du scénario. Amanda sacrifie Ingrid, uniquement par fierté de dire (ou mentir) sur ce qu’elle a fait de son téléphone portable? Et que dire de la résurrection d’Ingrid que Bobby avait pourtant balancé du haut de la colline (dont tout le monde revient) comme un sac à patate? Il est aussi à noter les coupes entre séquences sous fond noir, utilisées parfois avec un peu trop de laxisme.

Quoi qu’il en soit, RUN est un court-métrage à voir. Et nul doute qu’à cette allure, le prochain court ou, nous l’espérons, long-métrage de Rodrigue Fotso, nous en bouchera un coin. À la rédaction de LFC, nous sommes plus qu’impatients.

M.N

Le court-métrage dans son intégralité ci-dessous :

MUST READ : LFC célèbre le Cinéma contemporain

Impression

Alors que le Douala Art Fair célèbre la 1ère foire d’art contemporain et de design les 2 et 3 juin 2018 à Canal Olympia Bessenguè à Douala, LFC a lui aussi tenu à mettre à l’honneur le Cinéma contemporain camerounais. Un petit cadeau à nos LFCinéphiles et également aux amateurs d’art en général. 

Jean-Marc Anda, Christa Eka Assam, ou encore Tebo Njei, parmi tant d’autres. La  « Nouvelle Vague » du Cinéma camerounais a cela de particulier qu’elle est représentative d’une époque. Dans « Alma », Christa Eka Assam aborde subtilement un enjeu d’aujourd’hui, celui de l’attitude de notre société face aux violences faites aux femmes. 

Les thématiques plus anciennes sont entièrement re visitées. C’est au travers du cinéma d’action, encore balbutiant au Cameroun, qu’un Dr Nkeng Stephens (CAESAR) ou Rodrigue Fotso (Badluck) vont traiter d’injustices et de violences. Le Cinéma contemporain camerounais se veut donc une description clinique de la société, mais aussi par moment un cinéma engagé.

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Screenshot “Bonne Nouvelle” de Gérard Désiré Nguélé

L’autre caractéristique de cette nouvelle mouvance cinématographique est le parti pris pour la qualité. Qualité de l’image, du son, mais aussi celle du jeu des acteurs. C’est le cas de Valery Nchifor, qui a fourni une belle performance dans le thriller court « 33 » de Tebo Njei. Un court-métrage dont la fin laisse la par belle à l’imagination, à l’image de ce cinéma nouveau, libre et parfois surprenant. 

Chez LFC, nous nous efforcerons toujours de partager avec nos lecteurs ce que cette “Nouvelle vague” propose de mieux.

M.N.