INTERVIEW : THIERRY KAMDEM dénonce les violences familiales dans « Elles », son dernier film

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« Elles », le dernier film de Thierry Kamdem produit par la maison de production PSC Prod, où Hortavie Mpondo campe le premier rôle est un film engagé contre les violences conjugales, et les faux semblants sociaux. Le film est prévu pour décembre. Interview exclusive du réalisateur.

Le réalisateur Thierry Kamdem a accordé un entretien exclusif à la rédaction autour de son dernier film « Elles », dans lequel joue Hortavie Mpondo. Il a aussi dévoilé en exclusivité des images inédites, ainsi que la Bande d’annonce du film.

LFC : De quoi parle « Elles » ?

Thierry Kamdem : « Elles » raconte l’histoire d’une famille dont le père, n’ayant pas eu de garçon, torture toute la famille. La maman a déjà accepté ce rythme de vie, la fille aînée se pose des questions, et la plus jeune ne l’accepte pas. SYNOPSIS : Le chef Yaki est un homme imbu de lui-même, violent envers sa famille et très jaloux de ses privilèges et de son rang social. Sa fille aînée Samira, vient lui annoncer qu’elle va épouser un cuisinier.

« Elles » décline les différentes formes de violence auxquelles sont confrontées certaines femmes et enfants au quotidien dans les foyers en Afrique. L’histoire essaie de lever un pan de voile sur le déni qui entoure cette pratique et préserve l’impunité des auteurs de ces violences. La durée du film est de 16 minutes.

LFC : Pourquoi avez-vous décidé d’aborder le sujet?

Thierry Kamdem : Il y a quelques années, dans mon quartier, un homme a passé le visage de son épouse au fer à repasser. Sans l’intervention des voisins, il l’aurait probablement tuée. Mais le plus étrange c’est que, à la police, elle a déclaré être tombée et s’être brulée. À sa sortie d’hôpital, elle est retournée dans son foyer. Interrogée, elle a répondu que c’était pour le bien de leurs enfants qu’elle subissait tout cela.

Cette histoire n’est qu’une parmi tant d’autres en Afrique. Après avoir subi les sévices les plus atroces, les femmes ont des raisons bien affutées pour rester à la merci de leurs bourreaux comme : « Je n’ai personne, ou vais-je aller ? Je reste pour mes enfants, que vont-ils devenir sans moi ? C’est sa manière à lui de me montrer qu’il m’aime, etc ».

Cette réalité est illustrée par l’histoire du Chef Yaki, un homme à deux visages qui dissimule sous une réussite sociale irréprochable et enviée, un père et époux exécrable et misogyne.

Pour se faire respecter et asseoir son autorité, le chef Yaki n’hésite pas à user des violences physique, psychologique, verbale, sexuelle et économique pour soumettre sa femme et ses filles.

LFC : Comment s’est déroulé le tournage du film?

Thierry Kamdem : La maison de production PSC prod, avec à sa tête la directrice Geraldine Ingondo, a tout mis en place pour que le tournage se passe très bien. Il y avait plus de 15 postes visibles, c’était une première à Douala de faire une production avec autant de techniciens tous résidents de la ville, un important matériel et une grande préparation avec des comédiens très professionnels, dont Hortavie Mpondo dans le rôle principal, Justin Feussi dans le rôle du père, Marie Nonga dans celui de la mère et la jeune Naomie Simo. Je tiens à mentionner que je prépare ce projet depuis 2015.

LFC : Quelles sont les prochaines étapes?

Thierry Kamdem : Notre premier but était de montrer que nous pouvions faire de très bons films au Cameroun avec le matériel local. Notre prochaine étape est de soumettre le film à des compétitions.

M.N.