Ils ont bravé le froid de ce 1er février 2019 pour assister à la première représentation de l’ « opération 1 film africain tous les mois » de WOURI TV. Devant le Cinéma Le Brady, ils étaient près d’une quatre-vingtaine dès 19h, sous une fine goutte de pluie, impatients de pouvoir rentrer dans la salle. Certainement, pour la majorité venue sans parapluie, afin de se mettre à l’abri, mais aussi et surtout, pour voir le film et avoir la satisfaction de se dire : « J’ai assisté à la première projection en salle de films africains organisée par WOURI TV ».
Pourtant les responsables de la plateforme semblaient vouloir faire durer le plaisir. Alignés en rang devant le modeste Cinéma, au point de bloquer l’entrée de l’épicerie adjacente, manifestement peu habitués à voir une aussi grande file, les spectateurs rongeaient amicalement leur frein en se frottant les mains dans l’espoir de se réchauffer. Pas longtemps heureusement, puisque une demie heure environ plus tard, l’entrée dans la salle commençait. Pour cela, il fallait descendre le tapis rouge, qui recouvrait les marches des escaliers menant vers la salle souterraine. L’occasion, pour le photographe dépêché spécialement pour l’événement de voler une photo individuelle, en mode « Cérémonie des Oscars ».
Le temps pour tout le monde de s’installer, et « Si c’était à refaire », le premier long-métrage choisi par WOURI TV pour cette première « opération 1 film africain tous les mois » a été lancé sans crier gare, ni l’ombre d’un procès ou intermède. Et il faut bien admettre que trouver une place, ou revenir à sa place après être allé acheter des popcorns dans une salle comble n’est pas de tout repos. C’est néanmoins la preuve quelque peu douloureuse pour certains spectateurs, du succès de l’évènement.
Opération réussie donc pour WOURI TV, mais aussi, dans l’ensemble, pour le film. Entre gloussements, murmures, rires et parfois carrément des commentaires à voix haute, le public s’est montré au moins réceptif, si ce n’est totalement conquis par le film de Noëlle Kenmoe et Elvis Bopda. Une rencontre heureuse avec le public que confirment les commentaires on set à l’issue de l’évènement. Et effectivement, Noëlle Kenmoe et Elvis Bopda s’en sortent finalement assez honorablement. « Et si c’était à refaire » est un long-métrage qui se regarde, souvent avec un certain plaisir, quelques fois, avec quelques grincements de dents.
Le film se voulait une comédie dramatique, le pari est dans l’ensemble plutôt rempli. Il y’a dans « Et si c’était à refaire », un arrière goût de « Desperate Housewives », façon long-métrage et surtout, à la sauce camerounaise. Adaptation de la série américaine certes, mais revisitée localement, et plutôt convenablement. On reconnait les personnages de la femme au foyer superficielle (Sandrine Ziba dans le rôle de Corinne), l’ambitieuse (Dolly Tsague dans le rôle de Solange), la dévouée (Sandrine Bamen dans le rôle de Chloé) et la parfaite ménagère /épouse (la réalisatrice Noëlle Kenmoe dans le rôle de Candide).
On y entend en voix off l’un des personnages décédés nous dérouler l’histoire et bien entendu, on se marre des situations cocasses et tressaillit de certains retournements de situation. En sommes, dans l’ensemble, on s’amuse, portés par des acteurs qui s’en sortent dignement, et un scénario qui tient la route. Une mention spéciale pour Sandrine Bamen et Brice Thomas Dippah, parfait dans son rôle d’alcoolique fini, qui se démarquent.
Néanmoins, « Et si c’était à refaire » comporte quelques ratés dans les transitions entre les scènes, ainsi que quelques raccourcis scénaristiques, scéniques et artistiques. De fait parmi d’autres, les nombreux plans sur l’imposant derrière de Corinne ont largement fait réagir, et Solange a arboré durant tout le film la même boucle d’oreille. Mais qu’importe, le film permet de passer un bon moment et de se dire : le Cinéma Camerounais s’écrit à nouveau lentement, mais sûrement.
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N.M