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Hommage : Titi, Ewandé, Si Bita, la leçon du FESPACO

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Tandis que le Cameroun se permet de faire le choix de quel Cinéaste mérite un réel hommage ou non, le Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou alias le FESPACO lui, nous donne une belle leçon en rassemblant trois d’entre eux dans un même hommage rendu à plusieurs autres Cinéastes d’Afrique.

“Le Film Camerounais” n’existait pas encore, lorsque le jeune comédien et critique de Cinéma Noël Samuel Titi nous a quitté. Il ne va d’aucun doute qu’un vibrant hommage lui aurait été rendu à la rédaction, tant son décès a été un véritable choc pour tous ceux qui le côtoyaient, collaboraient avec lui ou évoluaient à ses côtés.

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En ce qui concerne Lydia Ewandé, l’article qui avait été consacré à sa disparition a fait exploser nos statistiques et nous a fait prendre conscience à quel point l’actrice était finalement populaire. “Black Mic Mac”, “Métisse” ou encore “Marche à l’Ombre”, autant de films qui ne pouvaient évidemment pas la faire passer inaperçue et pourtant …

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L’Etat Camerounais a rendu un hommage particulier au Cinéaste Arthur Si Bita, qui dénotait considérablement avec le peu d’attention qui lui était accordée de son vivant. Il a fallu que le réalisateur décède pour que nous découvrions stupéfait le passionné qu’il était depuis sa tendre enfance, ainsi que son amour inconditionnel pour le Cinéma.

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Ma première intention en écrivant cette chronique était de pointer du doigt sans ménagement un système inapproprié pour les Cinéastes que nous sommes. Des pays voisins comme le Sénégal, le Burkina Faso ou le Tchad ont peu à peu compris l’importance du Cinéma dans leurs pays respectifs et il est temps que le Cameroun comprenne également. Puis, j’ai finalement mis un bon litre et demi d’eau dans mon vin et j’ai opté pour une envie simple et sincère de juste dire “MERCI” au FESPACO d’avoir pensé à eux et à tous ceux qui en Afrique, nous ont quitté ces deux dernières années.

Que la terre de nos ancêtres leur soit légère …

F.E.

* Photo de couverture by William Nsai 

MUST READ : l’Hommage à Arthur Si Bita, entre émotion et remise en question

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La soirée du 1er décembre 2016 a été marquée par la présence massive des Cinéastes de l’ancienne et de la nouvelle génération, du Ministre des Arts et de la Culture ainsi que de la famille du défunt, tous réunis dans la salle de Cinéma Sita Bella pour rendre un vibrant hommage au réalisateur qui n’est désormais plus, Arthur Si Bita.

La raison pour laquelle ce papier est une chronique et non un article, n’est autre qu’une envie dévorante de partager avec vous un sentiment qui a perturbé mon sommeil cette nuit.

Je suis arrivée devant le bâtiment du Ministère de la Communication (Mincom) aux alentours de dix-sept heures trente, accueillie comme il se doit par Mme Kwedy du Ministère des Arts et de la Culture. Un petit coup d’œil rapide à l’intérieur de Sita Bella, m’a fait tout de suite prendre conscience que la salle n’aura aucune peine à se remplir, voir à accueillir quelques invités qui resteront malheureusement debout.

Premiers instants

Je m’installe au bout d’un temps à côté d’Eric Demtare, Cinéaste de ma génération et le temps que tout démarre, nous y allons bon train en observation et analyse de ce qui se trame face à nous. La plupart des « vieux de la vieille » sont là, ceux-là qu’on voit très rarement dans les salles de projection quand des jeunes Cinéastes organisent des événements. La faute incombe certainement à une génération qui doit prendre conscience qu’un Ancien du Cinéma, on l’invite où il ne pointe pas le bout de son nez voir votre film. Mais passons …

Tout de suite, une question me taraude : faut-il qu’un Cinéaste décède pour nous rassembler ? Faut-il que la mort frappe la profession pour que communion entre l’ancienne et la nouvelle génération il y ait ? Faut-il que le Professeur Narcisse Mouellè Kombi soit des nôtres pour que nous daignions prendre le temps naturel que nous Cinéastes devrions sans cesse accorder au 7ème Art ? Probablement …

Un Cinéaste, un vrai

La cérémonie démarre enfin et là pour moi, c’est le CHOC. Je découvre littéralement un Arthur Si Bita comme je ne l’ai jamais vu ou entendu parler par qui que ce soit. Un homme de valeur, profondément amoureux du Cinéma et avec une vision qui se confond tellement à la mienne qu’un sentiment de culpabilité commence à me ronger. Pourquoi la parole a si rarement été donnée à ce véritable homme du Cinéma, qui plus est réalisateur qui n’a rien à envier aux Cinéastes du reste du monde ? Je découvre littéralement dans le discours très bien mené et avec beaucoup d’humour d’un proche de la famille, un parcours et un amour si profond pour le Cinéma que cela m’a rappelé une vidéo de Steven Spielberg où lors d’une cérémonie, il raconte comment il a fait son premier film.

Arthur Si Bita mangeait, buvait et respirait Cinéma depuis l’âge incroyable de neuf ans et les anecdotes racontées avec simplicité et tellement d’efficacité de ce membre de sa famille n’y met aucun doute : nous avons perdu celui-là que nous, jeunes Cinéastes, recherchons chaque jour un peu plus. Ce guide calme, posé, plein d’humilité qui connaît son affaire. Quelques images de son film « Les Coopérants » a fait taire et écarquiller les yeux d’admiration à ceux de ma génération, qui ont éprouvé un réel plaisir à regarder ces quelques extraits d’un vrai et bon film Camerounais. Un documentaire de vingt-six minutes projeté dans des conditions que je trouve insultante (laisser la souris et les éléments de bureau de l’ordinateur sur l’image, proprement scandaleux) pour l’homme qu’il était finalement, nous a permis de découvrir le Cinéaste. Les interventions de ses amis à l’instar de l’acteur Gérard Essomba Many ou encore le photographe Clément Tjomb ont apporté une émotion particulière et une indignation supplémentaire quant aux conditions de vie des Cinéastes en 237Land.

Si la honte tuait

Puis est venu le moment que nous attendions tous : la projection du film « Les Coopérants » (toujours avec cette souris et le bureau apparaissant sur l’image) et là, une coupure d’électricité nous plongeant dans le noir total, le Ministre y compris, a mis un terme à une projection dont le film procurait déjà depuis quelques minutes seulement tant de plaisir à être regardé. J’ai eu honte. J’ai ressenti un profond sentiment de révolte. J’ai eu envie de crier à pleins poumons que c’est un scandale qu’une salle comme Sita Bella ne soit pas dotée d’un groupe électrogène efficace. Certains y ont vu la colère du défunt, j’y ai vu le mépris qui ne cessera donc jamais dans ce pays envers ce noble Art qu’est le Cinéma.

En ce qui me concerne, j’ai un nouvel objectif : mettre la main absolument sur le film « Les Coopérants » et surtout, remettre en question mon approche et ma vision de l’émergence du Cinéma au Cameroun.

Que la terre de nos ancêtres lui soit légère …

F.E.