C’est un des coups de coeur de la rédaction. « WARD ZEE », le long métrage écrit, produit et réalisé par Delphine Itambi est une superbe production, qui raconte une histoire, pleine de suspens et de rebondissements, transmet de l’émotion, le tout avec un casting remarquable.
Des films comme « WARD ZEE », on en voudrait plus souvent au 237 Land. Non pas qu’il soit parfait ou exempt de critique, loin de là. Mais l’on peut réellement affirmer qu’il a atteint son but, à savoir toucher le spectateur, l’immerger dans son univers, transmettre de l’émotion. Tout ce qu’un public est en droit d’attendre dans une salle obscure. Bref, « WARD ZEE » est un film réussi, du cinéma avec un grand C.
Le long-métrage rentre en effet dans cette catégorie de films dont la maîtrise de l’histoire, de l’action et des émotions procurées aux spectateurs l’emportent sur toutes autres considérations. Il est d’autant plus touchant que l’histoire résonne encore trop réaliste au Cameroun. Inspiré de la véritable affaire de Vanessa Tchatchou, dont la fille a disparu d’un hôpital de la capitale quelques heures après l’accouchement, le film, tourné à Buéa, raconte l’histoire de Page, jeune mère victime d’un réseau de trafic de nouveaux-nés.
Après plusieurs tentatives infructueuses pour retrouver son fils et son mari (également disparu), Page, brillamment incarné par Gobina Charlotte, renversante de justesse dans son rôle de jeune mère éplorée à la limite de la folie, croise la route de Kate (Damarise Ndamo), sa nouvelle et très déterminée voisine, un poil allumée. Accompagnées du petit ami policier de Kate, Jack (Libota Macdonald), et Danny (Anurin nwunembom), l’ex de Page, la petite équipe va entrainer le spectateur dans un périple qui va le tenir en haleine près de deux heures.
Delphine Itambi déploie un scénario au suspens rondement mené, avec assez peu de fausses notes pour sa complexité et ses rebondissements. Un scénario rendu vivant et magistralement porté par les acteurs principaux, dont Anurin nwunembom, sacré meilleur acteur Camerounais aux Écrans Noirs 2018. La performance de Laura Onyama, impressionnante dans son interprétation de Mabel, la domestique voleuse de bébé de Page, à la fois détestable, terrifiante, pitoyable et touchante, est à relever.
Pourtant, il y aurait des choses à redire. Peu, il est vrai, mais tout de même, surtout sur le plan technique. D’abord la qualité de l’image, bien que bonne, aurait bénéficié à être d’une meilleure résolution, et/ ou de davantage d’éclairage et de lumière. Une excellente réalisation se doit de fournir des images toutes aussi impeccables.
D’autre part, le film souffre par moment de cadrages mal ou insuffisamment exploités et qui auraient pu être plus variés. On aurait souhaité plus de mouvements de caméras, qui auraient davantage accru la tension psychologique déjà très bien développée dans le film, et fait exploser l’adrénaline du spectateur. On aurait voulu plus de plans panoramiques et/ou en contre-plongée pour équilibrer les gros plans sur le visage de Page, et ceux de face et de profil.
En sommes, nous aurions aimé que les diverses techniques de prises de vues soient plus exploitées en tant qu’élément dramatique, au même titre que le scénario, l’action et les musiques de fond, très judicieusement sélectionnées. Mais qu’importe. « WARD ZEE » est un excellent film à voir. À la rédaction, nous avons eu plaisir à le faire.
M.N.