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THE FISHERMAN’S DIARY : UNE EXPERIENCE NETFLIX

C’est un soir ordinaire, assise dans le canapé, quelques jours après le 04 avril, date de sortie de The Fisherman’s Diary sur Netflix. Autant dire que je ne me suis pas précipitée pour voir le film d’Enah Johnscott. Pourtant, j’avais eu écho de son exceptionnel accueil, notamment l’éligibilité aux Oscars, les multiples prix aux Écrans Noirs, la sortie de Blaise B sur les réseaux …

Mais je ne me suis pas précipitée. Peut-être trop captivée par La Chronique de Bridgerton ma binge série du moment. Ou parce qu’un petit coin de mon cerveau de 237Cinéphile était déjà familière du « bon » cinéma camerounais. Rien d’extraordinaire donc, si ce n’est que Netflix ouvre enfin les yeux sur un phénomène que j’entrevois et suis depuis plus de 3 ans aux côtés de Françoise Ellong-Gomez. 

Mais ce jour là, l’heure de The Fisherman’s Diary a sonné. Ce sera donc 2h23 de visionnage Netflix. J’espère que ça en vaudra le coup parce que 2h23 c’est quand même long pour un film.

Dès les premières images, je suis agréablement surprise. L’espace d’une fraction de seconde, je me demande s’il s’agit d’un film nigérian. Un partenariat à minima ? Mais le paysage typique des côtes anglophones, l’accent me ramènent rapidement à la raison. On est bien au Cameroun. Le décor, l’atmosphère, nous plonge effectivement dans la réalité des pêcheurs du côté de Limbé.

À travers eux, j’imagine les pêcheurs de Douala. Partagent-ils les mêmes modes de vie, la même mentalité ? Et puis, à y regarder de plus près, les décors de The Fisherman’s Diary sont plus beaux et esthétiquement mieux pensés et filmés que la plupart des films nigérians. Pas étonnant, puisque le directeur artistique n’est autre que Nkanya Nkwai.

Dès les premières bandes sons, je suis conquise. La mélomane qui est en moi se laisse volontiers bercée, entraînée, secouée, au rythme des rebondissements scénaristiques. Ce qui est encore plus extraordinaire est la constante qualité du choix sonore et musical tout au long des 2h23. Et 2h23, c’est long pour un film. L’impertinente qui est en moi se dit : «  Hum…Je comprends maintenant la sortie de Blaise B*. D’ailleurs, l’affaire là est finie comment? ».

Et les acteurs ? Laura Onyama était méconnaissable dans ses premières scènes. L’actrice de Ward Zee et Saving Mbango prouve une nouvelle fois sa capacité à se métamorphoser pour un rôle. Néanmoins, la cinéaste multi-primée n’est pas parvenue, dans ce film, à déployer tous ses talents. Idem pour Damarise Ndamo ( Ward Zee ), qui nous a habitué à de meilleures performances. Il n’en demeure pas moins qu’elles restent convaincantes dans leurs rôles, au même titre que Kang Quintus. 

Laura Onyama (gauche) et Ndamo Damarise ( droite)

Le producteur de The Fisherman’s Diary pêche en tant qu’acteur uniquement dans les scènes de Flashback. Ces scènes, souvent caricaturales, et parfois inachevées, semblent moins convenir à son type de jeu, ainsi qu’à celui de Laura Onyama. Choix délibéré ou non de scènes kitch et clichées de la part du scénariste, elles auraient gagné à être plus élaborées et étoffées. L’histoire du désamour entre Solomon (Kang Quintus) et Barbara (Laura Onyama), fondamental dans la compréhension du film, aurait alors semblé moins incomplète. On reste sur sa faim.

Faith Fidel, qui campe le rôle de Ekah, le personnage principal, est définitivement LA RÉVÉLATION du film. Son jeu d’actrice est époustouflant. Si je découvre l’actrice pour la première fois dans le film, j’avais déjà eu à croiser la personne lors du Gala des LFC Awards. Et bizarrement, j’ai la même impression de l’actrice et de la personne. Elle a un indéniable charisme hybride, un mélange d’enfant / adulte à la fois perturbant et fascinant. Une maturité malgré son jeune âge qui se manifeste dans son jeu d’actrice, non plus prometteur, mais déjà abouti. 

Faith Fidel (milieu) lors du Gala des LFC Awards

Le scénario, à l’exception de quelques lenteurs, est plutôt bien déployé, avec des touches d’humour bienvenues pour un sujet aussi grave que l’éducation des filles et le mariage forcé. The Fisherman’s Diary relate en effet le combat d’une petite fille (EKAH) pour aller à l’école, au sein d’une communauté de pêcheur hostile à l’éducation scolaire des filles et contre un père rustre et travailleur, en proie avec son passé. Si certaines scènes sont caricaturales comme celle avec le portrait de Malala, Enah Johnscott a eu l’intelligence de présenter les personnages principaux de manière plus complexe, à l’image du film lui-même. Kang Quintus, Faith Fidel et Cosson Chinepoh ont su transmettre à l’écran la subtilité psychologique de chacun des personnages.

Seul véritable bémol, le maquillage raté de Ramsey Nouah. Ouais, la tonne de fond de teint là, de la mauvaise couleur en plus, c’était pourquoi ? Et notre Daphné nationale n’est pas parvenu, loin s’en faut, à se démarquer de ses partenaires de jeu, acteurs déjà consacrés. 

Image de fin, musique finale. J’arrive au terme des 2h23. Et 2h23 pour un film, ça pourrait sembler long. Sauf s’il vaut le coup, comme The Fisherman’s Diary. 

N.M

* Blaise B a réclamé 100 000 000 de fcfa à The Fisherman’s Diary sur les réseaux sociaux.

ENGLISH VERSION

THE FISHERMAN’S DIARY: A NETFLIX EXPERIENCE

It’s an ordinary evening, sitting on the couch a few days after April 04, the date when The Fisherman’s Diary was released on Netflix. In other words, I wasn’t rushing to see Enah Johnscott’s movie. However, I heard about his exceptional reception, in particular the eligibility for the Oscars, the multiple prizes at the Black Screens, the Blaise B bomb…

But I did not rush. Perhaps too captivated by The Bridgerton Chronicle my binge series of the moment. Or because a little corner of my 237 Cinephile brain was already familiar with “good” Cameroonian cinema. Nothing extraordinary then, except that Netflix is ​​finally opening their eyes to a phenomenon that I feel and see alongside Françoise Ellong for more than 3 years now.

But on that day, it was finally time to watch The Fisherman’s Diary. Therefore It would be 2h23 of Netflix viewing. I hoped it would be worth it because 2:23 is a long time for a movie.

From the first images, I was pleasantly surprised. For a split second, I wondered if this was a Nigerian movie. A collaboration ? The typical landscape of the English-speaking coasts, the accent of the actors quickly brought me to my senses. We are in fact Cameroon. The decor, the atmosphere, actually bring us into the reality of the fishermen on the Limbé side.

Through them, I imagine fishermen in Douala. Do they share the same lifestyles, the same mentality ? With the closer look, the sets in The Fisherman’s Diary are more beautiful and aesthetically better thought out and filmed than most Nigerian films. No wonder, since the artistic director is none other than Nkanya Kwai.

From the first soundtracks, I was won over. The music lover who is in me let herself be rocked, carried away, shaken, to the rhythm of the scriptwriting twists. What is even more extraordinary is the constant quality of the sound and musical choice throughout the 2h23. And 2:23 is a long time for a movie. The impertinence in me said to herself: “Hmm …I now understand Blaise B’s claim*. Besides, I wonder how it played out .

And the actors? Laura Onyama was unrecognizable in his early stages. The Ward Zee actress and Saving Mbango once again proves her ability to transform into a role. Nonetheless, the multi-award-winning filmmaker did not manage to unleash all of her talents in this film. Same for Damarise Ndamo (Ward Zee), who got us used to better performances. The fact is that they remain convincing in their roles, just like Kang Quintus.

The Fisherman’s Diary producer slacks as an actor only in the Flashback scenes. These scenes, often cartoonish, and sometimes unfinished, seem less suited to his acting style, as well as that of Laura Onyama. Deliberate choice or not of “kitsch” and “cliché” scenes on the part of the screenwriter, they would have benefited from being more elaborate and fleshed out. The story of the disenchantment between Solomon (Kang Quintus) and Barbara (Laura Onyama), fundamental in understanding the film, would then have seemed less incomplete. We stay hungry for more.

Faith Fidel, who plays the role of Ekah, the main character, is definitely THE REVELATION OF THE FILM. Her acting is breathtaking. I am meeting the actress for the first time in the film. I watched her previously at the LFC Awards Gala. Strangely enough, my impression of her is the same as an actress or the perso. She has an undeniable hybrid charisma, a mix of child / adult that is both disturbing and fascinating. Maturity despite her young age manifests itself in her acting, no longer making her a debutant, but a successful star already.

The storyline, with the exception of a few unnecessary slow and long scenes, is pretty well laid out, with welcome touches of humor for a subject as serious as the education of girls and forced marriage. The Fisherman’s Diary tells the story of a little girl’s fight (Ekah) to go to school within a fishing community hostile to school education for girls and against a rustic and hardworking father, plagued gy his past. While some of the scenes are cartoonish like those with the portrait of Malala, Enah Johnscott who also wrote the film was smart enough to present the main characters in a more complex way, much like the film itself. Kang Quintus, Faith Fidel and Cosson Chinepoh were able to convey to screen the psychological subtlety of each of the characters.

The only downside is Ramsey Noah’s makeup was failed. Too much foundation was used, and the wrong color too, why was that? And our National Daphne did not succeed, far from it in distinguishing herself from her film partners, already established actors.

Last scene, final soundtrack. I made it to the end of 2:23. 2:23 for a movie might seem like a long time, unless it’s worth it like The Fisherman’s Diary.

N.M

*Blaise B claimed 100 , 000 , 000 CFA francs from The Fisherman’s Diary on social networks.

REVIEW : “Saving Mbango”, une romance sur fond de drame le tout à la Camerounaise

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Samedi 26 octobre 2019, “SAVING MBANGO” réalisé par Nkanya Nkwai n’a laissé absolument personne indifférent lors de sa Grande Première à Canalolympia Bessengué, à Douala. Exit une projection haute en couleurs, en émotions et en toutes ces choses qui montrent indéniablement que le Cinéma au Cameroun est en train de prendre un réel envol. REVIEW.

L’histoire de Mbango (Laura Onyama), nous est contée à travers le personnage de John, incarné par le très talentueux Godisz Fungwa. Orpheline élevée par sa grand-mère malade, la belle est atteinte d’une tumeur au cerveau qui la consume à petit feu. Victime de l’ignorance des villageois qui voit en elle une sorcière, Mbango est souvent livrée à elle-même jusqu’au jour où elle rencontre John, son âme soeur.

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Laura Onyama & Godisz Fungwa – TGIM PICTURES

Le scénario écrit par Lynno Lovert est simple, mais terriblement efficace. Dès les premières secondes, la famille de John nous est présentée et on le comprend tout de suite, il y en a des vertes et des pas mûres dans cette concession où tout le monde cohabite. John sort évidemment du lot. Il est ambitieux, travailleur, définitivement la tête pensante d’une famille qui aime se disputer pour les femmes et boire à en saouler pour les hommes. Etait-ce cependant nécessaire d’avoir autant d’extrême pour montrer un John à part ?

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Equipe technique et artistique du film – TGIM PICTURES

Vient ensuite ce moment tant attendu où John rencontre Mbango. L’alchimie ne met pas longtemps à se mettre en place dans ce film de presque 2h que vous ne ressentez pas, tant les actions s’enchainent avec beaucoup de fluidité. Lorsque vient la romance, les ingrédients sont là, et alors que nous pouvions craindre une expression de la romance venue d’ailleurs, Lynno Lovert parvient à nous la dépeindre à la sauce camerounaise avec une subtilité qui mérite des félicitations. Mais il y a cependant un “ailleurs” : la musique. Après tant d’effort dans l’écriture de nous garder dans le contexte camerounais, cette musique classique dans la catégorie “déjà entendue” nous embarque dans une bataille psychologique pour rester les deux pieds bien à Canalolympia Bessengué de la ville de Douala au Cameroun.

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TGIM PICTURES

Le véritable défaut de “SAVING MBANGO” est sans nulle doute ses scènes extérieures jour. Le Cinéma laisse quasiment place à la télévision, la composition des cadres n’arrivent pas à dompter ce soleil éclatant qui fait perdre tant de profondeur aux images, les rendant si brutes qu’on se demande si le film a été un temps soit peu étalonné. Et puis arrivent d’autres scènes, intérieures ou en tombées du jour, magnifiques, avec une atmosphère qui vous installe exactement où vous devez être. Ces moments sont malheureusement trop rares à notre goût, mais heureusement aussi, n’empêche pas d’apprécier l’histoire qui nous est racontée.

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Françoise Ellong, Rédactrice en Chef LFC – TGIM PICTURES

“SAVING MBANGO” a un point fort indéniable : QUEL CASTING ! Otia Vitalis, Libota MacDonald, Elizabeth Ngongang, Stéphanie Tum pour ne citer qu’eux, mais surtout une Laura Onyama et un Godisz Fungwa qui vous touchent que vous le vouliez ou non ! Un duo qu’on en viendrait même à désirer voir main dans la main hors caméra. La Rédac’ terminera par ceci : si vous entendez parler d’une nouvelle diffusion de “SAVING MBANGO”, n’hésitez pas une seule seconde et allez le voir ! Nkanya Nkwai propose un film qui a ses défauts, mais qui vient du coeur et a une sincérité qui fait en sorte que seule les qualités nous restent.

F.E.