REVIEW : WALLS, immersion dans une prison collective

Un grand moment de cinema que l’on aurait souhaité qu’il dure plus longtemps. Ne serait-ce que pour avoir plus d’éléments de réponses. WALLS est ce type de film : beau, oppressant, énigmatique, qui laisse ouvertes toutes les hypothèses.

Réalisé en 2016 par Narcisse Wandji qui l’a co-écrit avec Françoise Ellong, le film raconte l’histoire de Richard MEKA (Jacobin Yarro), écroué au centre de détention de MABIDO depuis plusieurs années pour corruption et détournement de fonds. En attente de jugement, c’est son fils Martin (Anurin Nwunembom sacré meilleur acteur aux Écrans Noirs 2018), également son avocat, qui est en charge du dossier.

Mais comment vit-on, de l’intérieur, la souffrance d’être enfermé dans une prison au Cameroun pour des faits que l’on nie ? Une souffrance d’autant plus douloureuse que votre propre fils vous croit aussi coupable. Comment met-on en scène un système judiciaire opaque, emprisonné dans la médiocrité ? Une relation père-fils brisée, touchée au plus profond par le doute (de Martin envers son père), l’amertume (de Richard pour son fils), et la culpabilité (de leur ressenti respectif) ?

WALLS, ce sont tous ces murs infranchissables : les barreaux autour d’une justice intelligible, les parois de plus en plus étanches qui se dressent lorsque la confiance s’érode, y compris parmi les plus proches. C’est la métaphore d’une prison collective, celle dans laquelle se situe le « 237ème » prisonnier de l’isoloir, chiffre assez symbolique pour être uniquement le fruit du hasard. Un lieu physique et psychique où l’obscurité prédomine, mais sans jamais prendre le pas sur la complexité et la beauté des individus qui la composent, brillamment retranscrite dans le court-métrage, visuellement comme scénaristiquement.

Mais comment décrire cet enferment sans biais, sans parti pris ? Parce qu’au bout des 14 minutes du film, la question centrale demeure. Richard MEKA est-il coupable, ou est-ce tout le système qui est lui-même une prison, corrompu et désespérant ? Et c’est par la voix de Edimo (Gérard Essomba), un des plus anciens détenus, que cette réalité est dépeinte. Personnage singulier, il incarne, avec le gardien de prison (Axel Abessolo), cette institution carcérale qui se narre, démente, chancelante, et blasée. Par Edimo, c’est donc la prison elle-même qui se décrit et décrit les individus qu’elle embrasse, leurs situations, leur détresse et solitude.

En plus d’être un magnifique court-métrage bien réalisé, bien mis en scène, et dans l’ensemble plutôt bien interprété, la force de WALLS est aussi de laisser le spectateur libre de faire l’interprétation qui lui convient. À la Rédac’, on y a vu une immersion totale et réussie dans une prison collective.

M.N.

PEOPLE : QUATRE ACTEURS ET ACTRICES À DÉCOUVRIR !

Les introducing sont de retour. Venez à la découverte de quatre autres acteurs et actrices prometteurs, soigneusement sélectionnés par votre média préféré Ciné 237Land.

Lucie Nang. C’est dans « Hands », le court-métrage multi-nominé de Léa Malle Frank Thierry que tout le potentiel de Lucie Nang se révèle à la Team LFC. Son interprétation de Mboe, une chirurgienne émigrée en Allemagne où elle est reléguée au poste d’infirmière, laisse pressentir un talent qui n’en est qu’à ses débuts. Parvenir à transmettre des émotions, tout en adoptant une posture constamment pudique n’est pas chose évidente. Lucie Nang y est pourtant parvenue dans « Hands ». LFC est impatient de voir tout ce talent à sa pleine maturité!

Baudouin Bidas. Il a récemment fait une entrée fracassante sur LFC. La rédaction a classé l’acteur de « L’apât » dans le top 7 des acteurs les plus sexy du Mboa*. Baudoin Bidias n’a pourtant pas que sa belle gueule et son physique avantageux à faire valoir. C’est aussi un acteur qui a fait ses preuves en 2017 dans le court-métrage « L’apât » de Emmanuel Moute. À suivre donc de très près !

Françoise À Kané. Elle porte la double casquette de chanteuse et actrice. L’interprète de Kepèn Kedjan, une chanson aux puissantes tonalités pop alternatif / africain, campe le personnage principal du film « Orly » (2017) de Francis TENE K. Elle y joue le rôle d’une prostituée, aux côtés de Axel Abessolo, son partenaire dans le film, façon Pretty Woman. En sommes, Françoise À Kané a du potentiel en tant qu’actrice. LFC souhaiterait évidemment en savoir et voir plus !

Lynno Lovert. C’est une des révélations de « Little Cindy » (2018), le film de BillyBob Ndive Lifongo que l’on ne présente plus. Et ce n’est pas peu de le dire, puisque dans le film, Lynno Lovert partage la vedette avec des acteurs tels que Libota McDonald, Syndy Emade, Nchifor Valery, et nous en passons. Autant dire que Lynno Lovert est un nom à retenir, déjà inscrit au tableau des grands !

Quatre autres acteurs et actrices à découvrir dans un prochain article, très chers LFCinéphiles.

M.N